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Sériecalement Vôtre
11 juillet 2014

REAL HUMANS, SAISON 2

 

Je ne vais pas mentir : quand bien même cette série est fascinante, originale, de très bonne qualité visuelle, j’ai préféré la saison 1 à la saison 2. Je ressors de cette dernière avec un étrange sentiment. Effet de lassitude ? Je ne pense pas car on en est qu’à la saison 2. Enthousiasme évaporé comme un ballon qui se dégonfle ? Non plus, car j’ai vraiment envie qu’il y ait une saison 3. Alors qu’est-ce qui m’est arrivée ? Je pencherai plutôt pour une sensation de surdose à certains moments au cours de cette saison. Le challenge avec cette série, et c’est d’ailleurs l’un des éléments qui fait son charme, est la vaste étendue des thèmes que l’on peut aborder. C’est à la fois une opportunité et une menace.

 

J’ai eu la sensation que l’on parlait de beaucoup de choses dans cette saison 2 alors que l’on s’en tenait à moins d’arcs narratifs dans la première où, finalement, il y avait plusieurs lignes mais elles convergeaient vers un même point : le code. Avant d’atteindre ce point, elles poursuivaient leur propre trajectoire sans qu’il y ait trop de déviations. La recherche du code est toujours d’actualité dans la saison 2, mais il s’accompagne d’un foisonnement de situations qui m’a déstabilisée par instants. Ceci est une impression, je n’ai pas cherché à la confirmer ou l’infirmer avec des preuves concrètes. Je peux avoir tort. C’est juste que c’est ce que j’ai ressenti à la fin du dernier épisode et que je ressens encore aujourd’hui, donc je me dis que ça doit bien vouloir signifier quelque chose…

 

real humans 2

 

Je ne remets pas en cause les questions de société soulevées par Real Humans, intelligentes. Les hubots sont une source incroyable pour poser de telles interrogations. On est allé plus loin dans cette seconde salve d’épisodes. On a mis en parallèle le désir de certains hommes à accéder à une sorte d’immortalité, à ressembler aux hubots et le désir de certains hubots à vivre comme des êtres humains. Florentine en est le parfait exemple. Figure de la peste dans la saison 1, elle n’en est devenue que plus attachante dans la 2 par son humanité, son souhait si simple de vivre heureuse avec une famille. Hélas, être un humain fait aussi mal. On s’en prend plein la tronche au moment où tout va pour le mieux, à cause d’une injustice, à cause aussi de l’hypocrisie d’autres humains, à cause d’un enchainement de circonstances dont on perd la logique.

De l’autre côté, des humains essaient de prolonger leur passage sur terre via une machine, comme Lennart et Jonas. Etre immortel est-il aussi bien que cela ? Peut-on vraiment retrouver toutes les facettes d’une personne dans une machine, aussi sophistiquée soit-elle ? N’est-ce pas une forme d’individualisme, de mégalomanie que penser que « moi » je peux transcender le temps et l’espace ? Et psychologiquement, quelles conséquences peuvent avoir ce procédé sur nos proches, toujours en vie ? Personnellement, j’aurais un peu du mal à converser avec le clone robotique d’un proche défunt, c’en serait même malsain : on pourrait se couper du monde, vivre dans une bulle et oublier que par essence, on vit et on meurt, c’est tout à fait dans l’ordre des choses.

 

real humans 3

 

La saison 2 pose également la question de la responsabilité de l’homme dans ses créations et la perte de l’humanité, du lien qui unit les êtres humains. Le groupe des jeunes Real Humans illustre parfaitement ce point. Au-delà de la présentation qui peut être caricaturale du groupe réactionnaire, radicale qui en est fait (les chemises colorées, les bretelles et les expéditions punitives), ce groupe de jeunes défend des idées pleine de sens. Les hommes ont créé les hubots à leur image (une autre preuve de mégalomanie ?) : c’est extraordinaire, ces robots vont pouvoir faire beaucoup de choses à la place des hommes. Cependant : quid de l’après ? Comment gérer cette cohabitation hubots/hommes ? Cohabitation qui va forcément faire naître des tensions, la haine des hommes face à ces machines qu’ils ont créé eux-mêmes. Les notions d’amour, d’amitié, de partage, d’entraide, d’altruisme tombent sous la menace et peuvent se perdre à la faveur de la technologie et de la recherche de la performance. On conçoit des hubots pour se délester des tâches ingrates (le ménage), faciliter et accélérer la production (dans les usines), mais ne finit-on pas par ne plus se soucier des hommes, par tuer la capacité des hommes à se surpasser/se construire dans l’effort ? Les hubots les remplacent dans les usines et également dans les bureaux. Comme Mimi dans le cabinet de Claes : elle accomplit des tâches que des heures de brainstorming entre collègues auraient nécessité. Alors oui, c’est génial, le problème est rapidement réglé, mais on prive ces collègues de ce labeur commun et d’une satisfaction intellectuelle (et personnelle) d’être venus ensemble à bout d’une difficulté. Il y a aussi la jalousie face à cette menace d’hubot performant qui devient un substitut de l’employé moins rapide, moins performant et plus cher !

Cette disparition du liant se voit dans l’histoire de la mère de David Eisher et son hubot aide à domicile, le compère de Bea et Roger de la saison 1 l’ayant déjà souligné. On finit par confier des personnes, des êtres chers à des robots : on ne s’en occupe plus, ils deviennent des charges auxquelles il faut trouver une solution. Je ne nie pas qu’il est difficile de s’occuper de parents âgés quand on doit soi-même nourrir ses propres enfants. Je m’intéresse à la désolidarisation qui en résulte. En poussant jusqu’à l’extrême, l’homme devient lui-même qu’une simple pièce qu’on peut remplacer par un robot et il ne serait pas étonnant que cette avancée technologique provoque un conflit.

Aussi, quid du recyclage des éléments des machines cassées ? En creusant plus loin, on arrive à la question de l’environnement.
Le progrès a du bon, c’est vrai, toutefois, il faut faire preuve de prudence.

 

real humans 2

 

A côté de tous ces sujets riches, il y a eu quelques longueurs et raccourcis (à l’origine de mon ressenti sur cette saison) :  la rébellion de Rick qui s’éternisait ; l’histoire de Mimi et son modèle humain coréen qui sortait de nulle part, histoire de jouer un petit rôle dans le procès de Florentine (j’aurais préféré qu’on prouve son humanité avec d’autres faits) ; le retour inattendu et inutile du type des services secrets que j’avais définitivement enterré depuis longtemps. Entre tout cela et les différentes histoires : le grand-père, Florentine et Douglas ; Mimi juriste ; les hubies ; le hub battle land ; Bea ; Jonas, son projet fou et sa mère ; les jeunes du Real Humans club ; le virus ; il y en avait peut-être un tout petit peu trop pour moi. Peut-être que la saison 1 avait un côté plus thriller et jetait les bases de la série, par conséquent, on devait se contenir dans le nombre de développements. Une fois l’univers installé, la saison 2 permettait de se lâcher, d’où un tourbillon d’évènements, dont plus de violence de la part des hubots en révolte (le passage de Gordon d’ange à extrémiste, quel choc !) et des humains (les jeunes Real Humans). Il faudrait canaliser tout cela dans la saison 3 : se focaliser davantage sur Bea et son groupe de robots libérés qui ne va sûrement pas plaire à Conny et la résolution de ce problème de virus (que je pensais voir avancé dès la saison 2, mais bon…). En tout cas, je ne peux pas enlever à cette seconde saison le fait qu’elle bougeait.

 

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Sériecalement vôtre,
VK

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