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Sériecalement Vôtre
28 mars 2015

DOWNTON ABBEY, SAISONS 3 A 5

 

downton 2

 

Je me permets un one shot avec cet article couvrant les saisons 3 à 5 de Downton Abbey, les saisons étant courtes et relativement sans évènements explosifs. Ce n’est pas la seule justification, en fait, ayant vu la saison 3 il y a très longtemps et les deux suivantes, l’une à la suite de l’autre, dans un passé récent (sur TMC), j’ai décidé de traiter le tout en même temps, pour éviter les erreurs d’association intrigue/saison.

De façon générale, plus les saisons avancent et plus je trouve la série meilleure. On aurait pu craindre une lassitude au bout d’un certain temps. Car qu’est-ce que vraiment Downton Abbey ? Si on devait la décrire en une phrase maximum, la série nous montre ni plus ni moins des chroniques d’une famille de la haute société britannique et celles de ses domestiques. En somme : les journées réglées par l’étiquette, les évènements mondains s’enchaînant les uns après les autres, de même que les jours ordinaires mais (trop) chargés en besognes des servants qui se répètent avec peu d’opportunités d’évolution. Downton Abbey suit ce réglage, mais en réussissant à nous fasciner : qui ne s’est pas imaginé avoir ce train de vie ? ; et surtout, à faire évoluer ses personnages dans un monde qui change (la guerre, le refus de la hiérarchie de la société telle qu’elle est depuis des siècles…). La série donne l’impression, d’un point de vue macro, que « rien » ne passe. Il n’y a pas d’enquêtes, de scènes d’action, de complots. Malgré tout, on se rend compte après cinq saisons que le domaine de Downton en a vu défiler, des histoires ! Même si certaines m’ont ennuyée, je suis charmée par ce que la série propose. 

 

downton 3

 

Cependant, voici ma première doléance : j’ai l’impression que les domestiques sont encore trop réduits à leur simple statut, par rapport aux Grantham et Crawley. Qu’est-ce que j’entends par là ? Cela m’a frappée tardivement, mais quand vous regardez les intrigues autour des non domestiques, ceux-ci évoluent au-delà de Downton. Ils interagissent avec le monde : ils vont à Londres, sont invités par d’autres gens de leur classe, ont des histoires d’amour et d’amitié, ont des problèmes, etc. Les intrigues sur les domestiques, en dehors du cadre professionnel, sont plus limitées, restent à leur relation avec les Grantham, Crawley et autres lords. On les voit moins interagir avec le monde extérieur de façon indépendante et aussi, leurs histoires sont moins poussées. Par exemple, Mary va à Londres pour faire telle ou telle chose toute seule, si elle est accompagnée de sa femme de chambre, on ne voit pas/très peu ce que cette dernière fait. Si un domestique va à Londres, il y a toujours un fil qui le ramène vers sa condition/la famille qu’il sert ou alors ce voyage est ellipsé et on le revoit de retour à Downton. Ainsi, Thomas est parti à Londres pour suivre un traitement, j’aurais bien voulu avoir quelques scènes où on voit de quoi il retourne, avant d’apprendre à Downton le véritable but du voyage. Ou autre exemple : Spratt est allé au mariage de sa nièce (si ma mémoire est bonne), on ne l’a pas vu dans la sphère privée mais on l’a vu en ville parce qu’il a aperçu Mary et son amant sortir de l’hôtel. De temps en temps, il y a des histoires qui n’ont rien à voir avec Downton, mais c’est rare et assez vite expédié.

Je parle de façon générale, je me rappelle encore du triste destin de la servante ayant eu un enfant avec un officier dans les premières années, pour le coup, c’était assez indépendant du cadre de Downton/de la domesticité. Après, il y aussi une contrainte de temps et de personnages : il y a peu d’épisodes par saison, on ne peut pas faire évoluer tout le monde avec la même intensité, il faut trancher. Néanmoins, quelques rééquilibrages seraient les bienvenus…

 

downton 6

 

Je poursuis donc avec un paragraphe sur ces rééquilibrages et les points qui n’apportent plus d’intérêt. On pourrait en parler de temps en temps, mais selon moi, ils ont pris une importance inutile.

Commençons par Mary. Dans une précédente critique, j’avais dit que son "je t’aime, moi non plus" avec Matthieu et la succession d’obstacles sur leur relation, au détriment d’autres personnages qui auraient gagné à être davantage explorés, avaient fini par m’exaspérer. Aujourd’hui, je suis toujours sous le coup de l’exaspération. Mary est un personnage qui stagne. On dirait que son rôle se borne à être la fille ainée à marier à un riche héritier pour assurer la pérennité de Downton. Après la mort de Matthew, j’espérais la voir se révéler en femme d’affaires gérant avec brio le domaine. Défi d’autant plus intéressant qu’elle vit dans un monde dirigé par les hommes. Qu’est-ce qu’on a eu ? Certes, quelques moments avec son beau-frère pour parler gestion de patrimoine. Principalement, à peine Matthew disparu, voilà qu’on nous sort aussitôt deux prétendants !! Même si Mary répète qu’elle n’est pas prête et ne succombe pas pour un temps, le spectateur est toujours en face d’une situation déjà vue : quel parti va choisir Mary ? Comment va-t-elle traverser cette situation ?

D’autre part, Mary n’a pas mûri, contrairement à sa sœur Edith : elle reste la "pourrie gâtée", autocentrée sur elle-même et son domaine, sans compassion quand il s’agit d’Edith. A la confirmation de la mort de Gregson, bien qu’on n’avait plus d’espoir depuis longtemps, Mary envoie Edith bouler. Très sympathique de la part d’une sœur qui ayant perdu elle-même l’amour de sa vie, aurait dû être la première à soutenir Edith et à la comprendre…

 

Après Mary, parlons d’Anna et de John Bates. A l’instar de Mary et sa situation répétitive d’élégante jeune lady sur le marché de l’amour, les Bates entretiennent des liens étroits avec la justice, plus précisément la prison. Après son mari, Anna fait un séjour derrière les barreaux, et ce dernier, pour la sauver, s’accuse du meurtre dont son épouse est soupçonnée et se retrouve de nouveau recherché pour homicide. Pitié… La première fois s’était éternisée, et ça recommence… J’aurais préféré le développement suivant : suite à son viol, Anna porte plainte. Cela aurait été une très bonne occasion de montrer comment les affaires de viol étaient traitées à l’époque, les injustices envers les victimes et en filigrane, la difficile condition des femmes à l’époque (sans nécessairement s’enliser dans le pathos). Ou alors, en choisissant l’intrigue autour de la mort du violeur, qu’on y mette un terme : qu’Anna soit vite innocentée grâce à un témoignage, voire qu’elle ne soit pas du tout arrêtée car la police aurait classé l’affaire. Ceci aurait permis l’approfondissement d’autres personnages, restés en retrait. Au choix : madame Hughes visitant sa sœur handicappée (la révélation tombe comme un cheveu sur la soupe…), Thomas et son traitement, l’émancipation de Daisy, Baxter qui retombe sur celui pour lequel elle a volé, etc. Dans le même état d’esprit, on aurait pu enlever/raccourcir cette histoire de prétendants pour Mary et mettre en valeur le couple Rose/Atticus. En effet, leur romance avant le mariage fut rapide ! N’avait-on pas attendu trois ans avant de voir Mary et Matthew sceller leur union ?

 

downton 7

 

L’abandon de poste de madame O’Brien fut inattendu et réglé à la vitesse de la lumière… Ce n’est pas la première fois qu’un domestique quitte les Grantham. On a bien eu, au tout début de la série, la femme de ménage devenant secrétaire, puis le valet traumatisé par la première guerre mondiale, et après O’Brien, le valet surpris en situation scandaleuse et celui accepté dans un hôtel de prestige. Au moins, pour ces personnes, un contexte a été développé, et le départ suivait une logique. Avec O’Brien, on a compris que la mère de Rose l’appréciait. Toutefois, sa fuite sonnait comme une solution qu’on avait dû trouver pour se débarrasser du personnage en urgence, sans réflexion (conflit entre la production et l’actrice ?).

 

Certains bonds dans le temps me paraissent inappropriés. Parfois on s’attarde sur des intrigues qui ne sont pas les plus excitantes (ex : Mary et ses amours). Puis tout à coup, on fait un saut en zappant des histoires qui auraient été intéressantes à voir (ex : la fin de la grossesse d’Edith). Nous sommes partis de 1912 et cinq saisons plus tard, nous sommes déjà dans le milieu des années 20 (il me semble). Les acteurs risquent de ne pas coller au rythme de vieillesse de leur personnage... (ok, il y a la magie du maquillage, mais cela ne fait pas tout).

D’autre part, certaines conclusions d’intrigues me paraissent encore politiquement correctes. Certains personnages s’en sortent dans la douceur malgré la gravité, pour l’époque, de leurs actions. Par exemple Rose et son chanteur de jazz noir qui ne vont pas au bout de leur relation, ou Edith qui peut compter sur la compassion de ses parents et sa tante. Peut-être est-ce compliqué d’un point de vue scénaristique de s’aventurer sur des questions scandaleuses pour l’époque considérée ? Moi, j’aimerai bien qu’on secoue de temps en temps le sac : que la vérité sur Edith soit révélée au grand jour et qu’elle affronte les médisances de la société conservatrice…

 

downton 1

 

Après cette proposition de points négatifs, voici les éléments qui ont rendu Downton Abbey plus forte :

Les drames qui ont bouleversé la série : la disparition, la même saison, de Sybil et Matthew. Deux jeunes protagonistes partis subitement dans la force de l’âge, alors qu’ils avaient tout pour être heureux. Ces sorties choquantes étaient ancrées dans la "réalité" : la mortalité des femmes lors de l’accouchement encore présente à l’époque et un "banal" accident de voiture s’annonçant à l’improviste.

L’arrivée de la jeune et audacieuse cousine Rose. Je l’aurais bien vue en femme moderne. Soit célibataire et vivant des aventures palpitantes (comme faire de l’aviation), soit en épouse qui travaille.

L’amitié entre Lady Violet et Isobel Crawley : une agréable surprise, une belle amitié, des discussions tintées de répliques savoureuses. Comme le dit l’adage, les contraires s’attirent. Malgré leurs divergences, ces deux femmes se respectent et tiennent à l’autre (même si elles refusent de l’admettre). Lady Violet était drôle et émouvante quand elle jouait les entremetteuses puis avait peur de finir toute seule une fois Isabelle mariée.

Le secret de Lady Violet : Absolutely outrageous !!^^ Qui l’eut cru ? Cela a l’avantage de casser son image. La comtesse douairière apparaît plus contemporaine, humaine, moins sévère.

Les histoires de cœur de Lady Violet et Isobel : plus exaltantes que celles de certains plus jeunes et proposant aux spectateurs une histoire d’amour du point de vue d’aînés (parce qu’à un moment, y en a marre des amourettes d’ados avec des pseudos obstacles…).

Le majordome de Lady Violet, Spratt : Curieux bonhomme, encore plus conservateur qu’un conservateur !

Les confrontations entre Robert et l’institutrice : explosives. Ceci-dit, l’institutrice, au-delà de ne pas avoir froid aux yeux, était bien culottée de provoquer des crises sous le toit de celui qui l’invitait…

 

Tom Branson et l’après Sybil, ou comment cohabiter avec la haute société anglaise sans oublier d’où on vient et qui on est. Ce personnage fut "torturé" par ses doutes, son sentiment de trahir ses principes. Je l’aurais bien vu reprendre la politique, poussé par l’institutrice, mais je reste satisfaite de ce qu’on lui a concocté. La femme de chambre lui tournant autour était une parfaite manipulatrice, cette histoire apportait un peu de piment. Au final, Tom a réussi à s’intégrer dans la famille Grantham et son univers, mais est resté humble. Il a su conjuguer ses deux mondes. Cracher sur cette nouvelle situation sociale et cette famille aurait été hypocrite. Il me manquera.

 

L’évolution d’Edith : Si on la compare à celle de sa sœur ainée, la progression d’Edith est de loin la plus attrayante et émouvante. C’est un des rares personnages qui a connu une nette transformation. Au départ peste et malheureuse en amour, Edith est toujours malchanceuse en amour, mais a grandi, s’est assagie. Les scénaristes ne l’ont pas ménagée, en lui faisant perdre les hommes de sa vie et en la mettant enceinte, hors mariage !! Je regrette de ne pas avoir vu une scène où Edith se sépare de sa fille à sa naissance, l’accent ayant été mis sur d’autres intrigues alors qu’il me semblait plus opportun de le réserver au moins pour ce type de scène clé. Heureusement, le déchirement et la souffrance d’Edith furent montrés lors de ses visites chez le fermier, pour voir la fille de son "amie". Ce stratagème ne pouvait pas du tout fonctionner à court terme. Il était impossible qu’Edith garde son sang-froid. De même, si sa fille avait été éloignée, Edith aurait eu un comportement, peut-être à moyen terme, qui aurait soulevé des questions. Quoi qu’il en soit, cette facette d’Edith était touchante, challenging.

 

downton 5

 

Madame Hughes et monsieur Carson : Sérieusement, la demande de mariage fut inattendue et un peu "bizarre". Bizarre dans le sens où je ne voyais pas du tout Carson initier ce genre de proposition, où je ne voyais pas du tout Hugues et Carson comme un couple, bien qu’on ait eu une scène sur la plage de ces derniers avançant dans l’eau main dans la main. Une amie me soufflait, devant ma perplexité, qu’il s’agissait plus d’un mariage de raison que d’amour, avis que je rejoins. On est plus fort ensemble. Carson et Hughes s’apprécient et se respectent beaucoup, ils n’ont pas forcément besoin d’être fous amoureux l’un de l’autre pour se marier. Il y a quand même de l’amour, mais sous une autre forme, plus nuancée. Cette union leur permettra de s’accompagner dans leurs vieux jours, de se soutenir en cas de difficultés, d’être tout simplement avec une personne dont ils se soucient.

 

La crise de couple Cora/Robert. Rien de révolutionnaire, mais un bon coup de fouet pour rappeler à Robert que rien n’est jamais acquis. Pour Cora, une petite aventure pour rendre sa vie monotone de comtesse moins morne, le temps de quelques épisodes. Surtout, on a la sensation que Cora ne fait pratiquement pas grand-chose, à part organiser des réceptions…

 

L’agression d’Anna. Contrairement à certains, cela ne m’a pas choquée. Non pas que le sort d’Anna me laisse totalement indifférente. J’avais lu, avant de regarder la scène en question, que celle-ci en avait bouleversé/dérangé beaucoup. J’imaginais alors que la scène avait été d’une violence inouïe. Mais rien de tel ne s’est produit. Le traitement à l’écran de l’agression fut soft (ou ça a été censuré pour la diffusion française ?). Elle est choquante dans le sens où elle se démarque du ton de la série, plutôt léger même si celle-ci traite d’évènements tragiques. On n’est pas non plus dans le film Lawless où les scènes violentes ne ménagent pas le spectateur… Cette agression reste réaliste : c’est une chose qui, hélas, peut frapper n’importe quelle femme.

 

Downton Abbey continue à faire son bonhomme de chemin dans l’univers des séries, en dressant le déclin de l’aristocratie britannique face aux nouvelles modes, mœurs et tragédies humaines.

 

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Sériecalement vôtre,

VK

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21 mars 2015

CHEFS, SAISON 1

 

chefs 1

 

Série poétique, délicieuse, qui nous plonge dans un agréable voyage des sens. Menu parfait… enfin, jusqu’au moment où le chef a été remplacé… Mais chaque chose en son temps, je reviendrai sur ce point plus tard.

Avec Chefs, on plonge avec gourmandise dans les coulisses d’un restaurant parisien haut de gamme. Le travail y est difficile, rigoureux, parfois ingrat, mais les assiettes qui ressortent sont une œuvre d’art, une récompensent au dur labeur. Personnellement, je me sentirai coupable de détruire une si belle harmonie. La poésie et l’invitation au voyage sont indissociables de la série. A travers les images traduisant les émotions ressenties par les personnages lorsqu’ils préparent et/ou dégustent un plat. A travers la présence de la mère de Romain qui guide ses gestes quand celui-ci concocte un mets, personnifiant ainsi ce souffle invisible qui pousse le jeune homme au meilleur. A travers la musique, douce, relaxante.

Le générique de début, très beau visuellement, met lui aussi tout de suite dans cette ambiance. On y voit défiler les personnages et décors : ils superposent avec fluidité et discrétion, dans des couleurs ni sombres ni aveuglantes, dont le jeu donne la sensation qu’elles s’effacent sous le poids du temps. Le générique me fait penser à un tableau impressionniste par moments. Mon seul hic est la bande son, qui, je ne sais pourquoi, est assez stressante, noire, et correspond davantage à une bande son de polar, thriller, alors que le sujet est tout autre (on aurait pu imaginer une enquête sur le meurtre d’un grand chef, lol). Même raisonnement avec l’affiche promotionnelle, où l’on voit le chef, Romain et Delphine.

 

Chefs 3

 

Quid des personnages et intrigues ? La saison 1 est tout à fait satisfaisante. Pas trop d’histoires d’amour virant au feuilleton ou prenant toute la place. Pas d’histoires alambiquées pour finir en pétard mouillé ou cliffhanger pour faire genre. C’est simple, efficace, on ne s’ennuie pas, la cuisine est bien le sujet principal. Cependant, on se doutait bien que Romain était le fils du chef. Et question aux internautes, car j’ai un gros doute : est-ce que le chef a vraiment transformé le vendeur de truffes aux allures de dealer de drogue en pâté ??

Mention spéciale à Anne Charrier, alias Delphine, et Clovis Cornillac, le chef. La première est bluffante dans son interprétation de femme ambitieuse, directe, obstinée, à l’élégant dress code. Ses discussions houleuses avec le chef, sa façon de dire ses quatre vérités à Matsumoto et la critique culinaire étaient irrévérencieuses et tellement hilarantes. Merci pour ces moments de légèreté (et les répliques). Le deuxième est très bon dans son personnage de chef mystérieux, têtu, fier, attendant le meilleur de sa brigade avec à la fois la fermeté et la bienveillance d’un chef de famille. Malgré leurs divergences, Delphine et le chef se rejoignent pour former un duo de choc, improbable, épicé. L’un gérant l’aspect business, l’autre l’aspect créatif. Les deux toujours en contradiction pour mieux avancer.

Hugo Becker est pas mal dans son rôle de jeune en rédemption, en colère contre lui-même et le monde entier, cherchant sa place, obstiné, se révélant dans la cuisine avec le souvenir d’une mère prodige et meurtrie. Yann, le second, incarné par Nicolas Gob, se défend tout aussi bien en emmerdeur de première, provocateur, sans gêne, délaissé par son mentor. Son incompréhension face à cet « abandon » est assez justifiée, ma foi.

 

chefs 4

 

Je reviens maintenant sur le remplacement du chef qui m’a quelque peu gênée. J’ai trouvé cette conclusion culottée, pas super crédible. Bon, ça pourrait se faire dans la réalité. Personnellement, je trouve ça un peu « foutage de gueule », pardonnez l’expression. J’ai l’impression que la prise de fonction de Romain est un braquage culinaire et professionnel. Ceci fera beaucoup d’envieux, ce qui est tout à fait normal et humain. Je voyais davantage cette fin de saison 1 en belle conclusion de la série, quand tout est pardonné et que le père et le fils scellent une véritable relation père/fils. Le père tirant sa révérence après tant de labeur et succès, le fils prenant la relève, après des années d’apprentissage et de réalisation, pour une nouvelle aventure. Ou alors, en conclusion d’une saison ultérieure (mais à partir de la saison 3). La fin proposée en 1ère saison est certes une vengeance assouvie, mais pour moi, ça ressemble à du vol. Ok, le chef a basé son premier succès sur une imposture. Ce qui en a suivi après pour sa fiancée (la mère de Romain) est injuste, cruel. Il n’en reste pas moins que le chef a tout de même, pendant les vingt années suivantes, développé ses recettes, prouvé son talent, mené sa brigade. Il n’est pas devenu chef par magie. Il a bossé dur. Il aurait très bien pu se vautrer rapidement après ses débuts glorieux, mais non.

 

Et là, d’accord, Romain venge sa mère en prenant la place du chef. Sauf que le jeune homme n’a travaillé qu’une année, et encore ! J’ai le sentiment qu’avant de rejoindre le restaurant, Romain n’avait aucune, ou alors une expérience très limitée de la cuisine. Remarque : ayant manqué un passage, je ne peux que faire des hypothèses. Romain a beau être un génie, il faut quand même du temps pour faire ses preuves. Par conséquent, je l’imaginais reprendre le flambeau/vengeant sa mère après quelques années pendant lesquelles il aurait brillé dans des concours et auprès de critiques culinaires (la vengeance est un plat qui se mange froid...). Cette progression aurait été plus logique, à mon sens. Par ailleurs, n’oublions pas le reste de la brigade, à commencer par le second, qui pourrait très bien et légitimement se rebeller face à ce coup d’éclat. Elle travaille avec acharnement et passion depuis plusieurs années avec le chef, et voilà qu’un jeune cuisto, ex taulard, vient lui ravir la place. Incompréhension d’autant plus totale que personne ne sait le lien qui relie le chef et Romain. Même en connaissant ce lien, il y aurait eu des réactions.

 

Malgré ce point qui me reste en travers de la gorge, j’ai passé d’agréables soirées avec Chefs. Cette série a du potentiel. Que cherche monsieur Edouard ? Comment va rebondir le chef ? Et surtout, quel est son nom ?? car ce n’est pas possible de faire durer le mystère^^  Comment Romain va-t-il gérer son nouveau statut, ses détracteurs ? La saison 2 est prometteuse en batailles, manigances et savoureux plats.

 

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Sériecalement vôtre,

VK

7 mars 2015

EMPIRE (PILOTE 2015)

Avec SPOILERS

 

Synopsis : Lucious Lyon, à la tête d’un puissant label de hip hop, est atteint d’une grave maladie. Il doit maintenant choisir pami ses fils celui qui reprendra les rênes de l’entreprise.

 

empire

 

Il y a deux weekends de cela, je me suis laissée tenter par Empire, depuis le temps que j’en entendais parler. Croyez-le ou non, j’ai bien aimé. Je n’ai pas non plus surkiffé, le pilote n’a pas non plus été ma révélation, j’ai tout simplement passé un bon moment sans voir le temps passer. Et ce n’était pas gagné car à la base, je ne suis pas fan de hip hop. Cela n’a rien de personnel, ce n’est juste pas le genre musical qui me fait vibrer. Néanmoins, je me suis dite qu’il fallait essayer, sans faire une fixation sur la musique.

 

Oui, clairement, le pilote d’Empire annonce une nouvelle série musicale, genre à la mode. FOX a lancé la tendance avec Glee et ses histoires/personnages aussi loufoques les uns que les autres, mais qui vident bien la tête. NBC a contre-attaqué avec Smash, nettement plus adulte et ancré dans les coulisses du business des comédies musicales (désolée, mais même l’art est devenu un business). S’est immiscée ABC avec Nashville, empruntant la voie du soap et focalisée sur la musique country, genre moins représenté (en tout cas pas encore très branché en France). Cette année, la fin de Glee approchant, FOX récidive avec Empire. Série premièrement, centrée sur le hip hop, deuxièmement, sur une famille Afro-Américaine. Toutes les combinaisons sont possibles… 

 

empire 5

 

En se basant uniquement sur le pilote, Empire ressemble à un soap musical, et me rappelle vaguement Nashville. Par l’aspect feuilleton et coulisses de l’industrie musicale, après, toute comparaison s’arrête là. Dès cet épisode, on a tous les ingrédients du soap : une famille friquée à la tête d’un empire musical ; des héritiers aux profils divers : Andre, l’homme d’affaire se donnant à fond pour l’entreprise, rapidement embué par Hakeem, le frère gâté pourri chanteur et glandeur, suit un troisième fils, Jamal, artiste libre, tempéré et homosexuel (orientation encore mal acceptée dans le monde du hip hop). En outre, on a Lucious, le patriarche autoritaire, mourant et pour cela, craignant pour l’avenir de son empire, et Cookie, la matriarche tout juste sortie de prison pour bousculer cet univers en apparence tranquille. A travers ces deux personnages sont instillées les questions centrales de la série : pourquoi Cookie est-elle allée en prison ? Que cherche-t-elle par son retour ? Qui va reprendre les rênes de l’entreprise après Lucious et qui va se révéler (en bon ou mauvais) ? Personnellement, je prendrai Andre. Même s’il n’a pas la fibre musicale, il connaît les rouages d’une grande boîte, contrairement à ses frères… Cet ensemble est le parfait départ pour une succession de jeux de pouvoir en latence avec leurs lots de complots, trahisons, déchirements. Bref, tout est là pour que ça tourne Feux de l’Amour ou Amour, Gloire et Beauté, avec les clichés traditionnels des feuilletons. Soit, si ça fonctionne, je n’ai rien contre. 

 

Ce qui m’a intéressée dans le pilote, c’est qu’en définitive, je n’en suis pas sortie horripilée. J’ai envie de continuer pour connaître la suite. Pas forcément de façon régulière, mais voilà, je suis curieuse de voir quelle tournure tout cela va prendre, pour quelques épisodes au moins. Certains trouvent la réalisation, mise en scène du premier épisode brouillon, moi, au contraire, je trouve que c’était efficace. On a à la fois le présent et des flashbacks qui durent juste ce qu’il faut pour comprendre un personnage, les blessures du passé et le truc qui fait que Lucious a de lourds squelettes dans le placard qu’on aimerait comprendre de A à Z un de ces quatre (néanmoins, avant la saison 37 svp). 

 

empire 2

 

Je parlais de clichés plus haut et la personnalité des protagonistes en est un. Le père se montre à la fois aimant, dur et violent. Les fils représentent chacun un type : le fils à papa, le fils qui a réussi et le talentueux qui s’ignore et traîne derrière lui des traumatismes. La mère, quant à elle, est totalement « barrée » : politiquement incorrecte. C’est d’ailleurs elle, et par la même occasion son interprète, Taraji P. Henson (l’ancienne lieutenant Carter de Person of Interest) qui se détache du lot. Provocante, vulgaire, forte, protectrice, Cookie détonne (déjà, rien qu’à ce prénom hors de l’ordinaire). Terrence Howard fait le job dans le rôle du père qui n’est pas très attachant en fin de compte. Quant à Andre, Jamal et Hakeem, ils ne m’ont fait aucun effet. A la rigueur, la femme d’Andre est le réel moteur de son mari, le poussant à se battre. Peut-être excellera-t-elle dans l’art d’arriver à ses fins par tous les subterfuges ? Pour l’instant, vraiment, c’est Cookie qui remporte la palme. On d'autres thèmes déjà explorés : une bataille féroce pour la succession et évidemment, l'étalage de richesse et pouvoir...

 

Sinon, point que je trouve peu crédible : les versions Lucious et Cookie jeunes, dans les flashbacks. On peut imaginer qu’ils ont eu leurs enfants assez tôt, vers le début de la vingtaine. Le souci, c’est que d’autres acteurs auraient dû être choisis pour jouer les versions jeunes des parents. En effet, reprendre les mêmes acteurs et les affubler d’une coupe différente et d’un bandana n’est pas très réaliste. En vingt ans, tu changes quand même un peu, notamment niveau corpulence… Du coup, ça fait un peu bizarre. 

 

Je pense qu’Empire peut proposer des tensions familiales auxquelles on peut devenir addicted. Peut-être pas des complots aussi tarabiscotés que ceux de Dallas (à quoi carburaient les scénaristes ??), mais on peut avoir des bases qui, si elles sont bien articulées et pas exagérément repérables à des kilomètres (ou répétitives), entraîneront le spectateur malgré lui. Quant à la musique, je n’ai pas spécialement d’avis, vu que je n’y connais rien, mais rien n’empêche d’ouvrir son horizon musical…

 

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Sériecalement vôtre

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